Les excuses de la Belgique… Enfin!

Les autorités belges ont soudainement décidé de «présenter leurs excuses», pour ce qui s’est passé il y a 70 ans… Il a fallu attendre longtemps, mais finalement, deux personnalités ont montré l’exemple.

Tout d’abord, le dimanche 2 septembre 2012, le Bourgmestre (le Maire) de Bruxelles, M. Freddy Thielemans a reconnu le rôle de la Ville de Bruxelles dans la déportation des Juifs et s’en est « excusé »…

Voici deux extraits de son discours:

«Il y a 70 ans, dans le cœur de Bruxelles, des femmes, des hommes et des enfants dormaient sans se douter que cette nuit du 3 au 4 septembre marquerait un tournant irréversible dans leur existence.

Cette nuit-là, les forces occupantes et des SS belges mènent une rafle dans Bruxelles pour tenter d’arrêter tous les juifs résidant à Bruxelles afin de les déporter dans des camps d’extermination.

Ils pénètrent dans les logements répertoriés, arrêtent les juifs qui s’y trouvent et les emmènent dans des camions, divisant les familles, arrachant les enfants des bras de leurs parents, séparant les femmes de leurs époux.

En cette seule nuit du 3 septembre, 718 Juifs se verront arrêtés. Durant la seconde guerre mondiale, 37% des Juifs qui vivaient dans le Grand Bruxelles seront déportés.

Autant de personnes qui connaîtront l’enfer de cette déportation et des camps d’extermination. Certains parviendront à s’enfuir ou à en revenir. Mais dans quel état ? Avec quels souvenirs et quel traumatisme ?…

…Pratiquement parlant, des affiches bilingues sont réalisées et l’administration bruxelloise met au point un modèle de fiche d’identification qui servira d’ailleurs de modèle de base pour tout le royaume.

Les affiches appelant les Juifs à se présenter à leur administration communale sont placardées et, le 16 décembre, 20 employés sont recrutés à Bruxelles pour aider à constituer le registre des Juifs.

5.640 juifs de plus de 15 ans seront ainsi convoqués et fichés par l’administration de la Ville de Bruxelles. Il est aujourd’hui évident, à la lecture des analyses historiques que, sans ce registre des Juifs, jamais les arrestations progressives puis la rafle de septembre 1942 n’auraient eu le même impact à Bruxelles.

La participation, même docile, des autorités bruxelloises porte donc le poids d’une responsabilité partielle dans le résultat de cette déportation. Pour cette raison, je tiens aujourd’hui à présenter à la communauté juive les excuses officielles de la Ville de Bruxelles. Il est toujours choquant, pour les êtres humains que nous sommes aujourd’hui, de poser un tel constat».

Puis, M. Sosnowski, Président du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique a prononcé, lui aussi un discours dans lequel il a notamment déclaré :

“Si l’enseignement reste à mes yeux le seul espoir de contrer le mal, vous aurez compris au travers de ces quelques mots que je partage l’inquiétude de membres de ma communauté, de voir réapparaître les stigmates des années trente ici comme ailleurs en Europe. L’exemple de la Hongrie actuelle est criant, et aujourd’hui comme hier, pour ne pas tomber dans ces abominables écueils, nous choisissons de passer certains faits sous silence. Comme en Iran.

Là ou l’on brule des livres, on finit par bruler des hommes, prophétisait Heine allemand et juif.

J’ai peur pour l’homme, la société, notre civilisation.

Trouverons-nous encore aujourd’hui des hommes et des femmes courageux, comme ces justes, qui n’hésitèrent pas à mettre leur vie et celle de leurs proches en danger pour sauver des enfants promis à la mort et dont plusieurs sont grâce à eux ici présents”.

Et puis, une semaine plus tard, le dimanche 9 septembre 2012, Premier Ministre belge, M. Elio Di Rupo, s’est rendu à la Caserne Dossin (Malines), d’où plus de 25.000 juifs avaient été déportés vers les camps de mort. Voici aussi quelques extraits de son discours:

“Ce que ces personnes étaient venues chercher en Belgique, c’était l’assurance d’une sécurité. Elles s’imaginaient, à Bruxelles ou à Anvers, à l’abri de la haine raciale et de l’antisémitisme.

Elles pensaient trouver, dans notre pays, le droit de vivre en paix, tout simplement.

Hélas, l’occupation de la Belgique par les nazis allait faire voler en éclats ce sentiment de sécurité.

A peine installés, les nazis réquisitionnèrent cette caserne malinoise pour la transformer en antichambre des camps de la mort…

Si cet épisode est l’un des plus noirs de notre histoire, ce n’est pas seulement par l’horreur qu’il suscite.

C’est aussi parce qu’il a impliqué la collaboration; collaboration de citoyens belges et de nombreuses autorités de notre pays…

Qu’il s’agisse de collaboration active ou passive, durable ou limitée dans le temps, individuelle ou collective, elle constitue une flétrissure que nous devons tous assumer.

De la même manière, nous portons collectivement la fierté d’avoir eu en Belgique de très nombreux résistants : près de 1500 « Justes » ont leur nom gravé au Yad Vashem de Jérusalem…

En tant que Premier Ministre du Gouvernement belge, je présente les excuses de la Belgique à la communauté juive, même si les comportements de l’époque sont inexcusables.

Par ailleurs, j’invite le Sénat à débattre dès que possible de la proposition de résolution à propos de la responsabilité de l’Etat belge.

Le Gouvernement sera évidemment très attentif aux conclusions des travaux et il en tirera les enseignements pour l’avenir…

Sans références et sans bagage historique, trop de personnes sont susceptibles de reproduire un jour les erreurs du passé.

Nous le voyons bien à la façon dont, notamment, les insultes antisémites réinvestissent la place publique ; ce qui est totalement inacceptable et que je combats avec toute mon énergie.”

On n’avait jamais entendu ce genre de discours et l’on ne peut que se réjouir de cette prise de position courageuse de la part des autorités belges, même s’il aura fallu attendre 70 ans pour que cela arrive… Mais comme dit si bien le proverbe: “Mieux vaut tard que jamais”…

D’un point de vue spirituel, nous savons que ces démarches sont importantes car la Bible déclare (Prov. 28:13) «Celui qui cache ses transgressions ne prospère point, Mais celui qui les avoue et les délaisse obtient miséricorde».

Le père, la tante et la grand-mère de mon ami Daniel Yahav, Pasteur de la plus grande assemblée messianique en Israël (Tibériade) avaient quitté l’Allemagne, leur pays de naissance et étaient venus se réfugier en Belgique en 1939. Ils faisaient partie de ceux, comme le dit le Premier Ministre qui “s’imaginaient, à Bruxelles ou à Anvers, être à l’abri de la haine raciale et de l’antisémitisme.” La réalité a été toute autre vu qu’ils ont été tous les 3 déportés à Auschwitz.

Seul le papa de Daniel a survécu. Je l’ai rencontré en 1992, lorsque nous habitions en Israël et il m’a dit qu’il gardait un bon souvenir de la Belgique. David était un homme d’une douceur et d’une gentillesse exceptionnelle. Il m’a demandé de retrouver les noms de deux de ses amis qui avaient été déportés par le même convoi que celui qui l’emmenait à Auschwitz le 31 juillet 1944, car il voulait faire graver une plaque pour les honorer à Yad Vashem. Avec de la persévérance et l’aide de Dieu, je suis parvenu à retrouver leurs noms.

Peu de temps avant de quitter cette terre, il a reçu le Messie d’Israël et un jour, je me réjouis de le revoir dans ce lieu où toute larme sera essuyée, comme il est écrit: “Car l’agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux.” (Apo. 7:17)

Luc Henrist