JEUNES GENS, JE VOUS AI COMPRIS !

La vie est loin d’être un « long fleuve tranquille ». Dès notre naissance, nous devons faire face à des maladies, des dangers qui mettent notre vie en péril.

 

Certains enfants sont parfois maltraités par leurs parents ou ne reçoivent pas l’attention, l’amour et les soins dont ils ont besoin. Et pour certains, cela se termine par le pensionnat ou une maison d’accueil où les choses ne se passent pas toujours très bien non plus.

 

Puis, tout à coup, nous sommes jetés dans un monde qui nous est totalement inconnu : celui du jardin d’enfants et puis de l’école primaire. C’est là qu’il faut faire face à ces « autres », ces enfants qui parlent parfois un langage différent du sien, ils utilisent des mots qu’on nous avait pourtant dit de ne pas utiliser… Et surtout, ils aiment se moquer des enfants plus faibles ou handicapés. Dans certaines cours de récréation, on voit des enfants en bas âge harceler d’autres enfants. Ils les agressent verbalement et physiquement et la haine déforme leurs visages. Certains de ces enfants en sont tellement meurtris qu’ils finissent par se suicider. On connaît maintenant des cas de jeunes qui étaient harcelés via les réseaux sociaux et se sont donné la mort.

 

Lorsque j’étais enfant et puis adolescent, les réseaux sociaux et l’Internet n’existaient pas. Donc les relations avec les autres étaient toujours en face-à-face. Ou, si on était trop loin l’un de l’autre, on communiquait par lettre, ce qui nous obligeait à soigner notre écriture et notre orthographe pour ne pas avoir l’air bête.

 

Mais cela ne veut pas dire pour autant que la vie était plus facile et sans embûches. Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la crise d’adolescence s’étend de l’âge 10 à 19 ans. Et elle a toujours été une période difficile à affronter pour certains plus que pour d’autres. On peut résumer l’adolescence par ces dimensions :

1. La préadolescence (11 à 13 ans) : le début d’un grand changement 

Correspondant aux années de collège, la préadolescence marque l’entrée dans la puberté, impactant à la fois le développement physique et psychologique. Cette période de transition entre l’enfance et l’adolescence se caractérise par un détachement progressif des parents et un rapprochement notable avec les pairs.

2. Les bouleversements physiques et psychologiques

La puberté déclenche une série de modifications hormonales entraînant croissance rapide, développement des caractéristiques sexuelles secondaires, apparition des menstruations chez les filles et mue de la voix chez les garçons. Ces changements peuvent susciter des sentiments de malaise ou de gêne, ainsi que des complexes chez le jeune qui doit s’adapter à son corps en changement.

3. La quête d’identité et l’appartenance à un groupe

La préadolescence est aussi un moment de remise en question personnelle sur l’identité, l’image corporelle, le genre, et l’orientation sexuelle. Le jeune cherche à affirmer sa personnalité, se différencier et faire des expériences en matière de styles vestimentaires et comportementaux. Il développe ses goûts, opinions et valeurs personnelles.

Se sentir intégré et accepté dans un groupe devient crucial, favorisant la formation d’amitiés (parfois nocives), le partage d’intérêts et de secrets.

 

L’adolescence est donc la période charnière entre l’enfance et l’âge adulte. Il est intéressant de savoir que selon certains psychologues, la personnalité d’un enfant est déjà formée à l’âge de 5 ans ! Il est donc important d’éduquer l’enfant dès son plus jeune âge. Beaucoup de parents pensent que c’est l’école qui doit éduquer leurs enfants. La réalité est que les parents sont responsables d’enseigner le respect, la politesse, les bonnes manières à leurs enfants. L’école s’occupe de leur inculquer les mathématiques, la géographie, l’Histoire, etc.

 

Nous vivons dans une société qui est souvent « démissionnaire » et refuse d’assumer ses responsabilités. C’est ainsi qu’on trouve de nos jours, des enfants et des jeunes, en crise perpétuelle. Ils sentent qu’il leur manque quelque chose et ils ne peuvent même pas dire ce que c’est, car on ne leur a jamais dit comment une enfance « normale » devrait se passer. De plus en plus de jeunes ont vécu le trauma de la séparation ou même du divorce de leurs parents. Ils se retrouvent coupés entre le père et la mère. Trop souvent, l’un pousse l’enfant à prendre position pour lui/elle et à rejeter/détester l’autre. Et l’enfant est complètement déchiré, car il aime les deux. Je me souviens que lorsque j’étais jeune, mes parents qui ne s’entendaient pas toujours très bien ont préféré rester unis pour nous, les enfants. Je ne sais pas si beaucoup de parents sont prêts à faire encore ce genre de sacrifice pour le bien-être de leurs enfants. L’amour est plus qu’un sentiment, c’est un engagement… « pour le meilleur et pour le pire »…

 

J’ai ressenti le besoin d’exposer au grand jour ces périodes sombres et difficiles que sont l’adolescence et la jeunesse qui la suit, car ce passage à l’âge adulte impacte souvent le reste de notre vie. J’ai l’impression que beaucoup d’adultes qui sont pourtant eux aussi passés par la « crise d’adolescence » ne veulent pas en parler. Ils donnent l’impression que c’est un sujet tabou. Pourtant, en parler pourrait les aider à surmonter ces traumatismes profondément ancrés dans leur subconscient. D’autre part, parler de ces réalités pourrait aussi aider les jeunes ados d’aujourd’hui qui eux-mêmes se sentent tellement mal, incompris, bizarres.

 

En réalité, de nos jours, les ados sont comme à mon époque : peu sûrs d’eux-mêmes, ils ont peur d’être rejetés par le « groupe » et sont prêts à faire des compromis pour se sentir inclus. Et c’est ainsi que certains succombent à la pression et acceptent de prendre de la drogue ou de l’alcool. En dépit du fait qu’ils revendiquent le droit d’être uniques, ils insistent pour porter les mêmes vêtements, les mêmes marques que les autres. Ce sont des codes vestimentaires : si tu portes telle marque, tu fais partie de tel groupe. Et bien entendu, plus les marques sont chères, plus tu montres que tu as les moyens financiers de les acheter… Les ados sont attirés par ceux qui ont l’apparence extérieure d’être « riches » et influents. Ils veulent les avoir pour amis (on ne sait jamais, ça peut toujours servir…).

 

De nos jours, l’aspect physique a pris une plus grande importance, surtout parmi les garçons qui passent parfois beaucoup de temps à faire de la « muscu ». Certains n’hésitent même pas à prendre des stéroïdes anabolisants pour avoir le corps de rêve pour attirer les regards… Les filles, de leur côté, n’hésitent pas à recourir à la chirurgie plastique pour avoir le visage ou le corps dont elles rêvent. Mais tout cela a un coût et parfois des conséquences dramatiques si l’opération ne se passe pas comme prévu…

 

Bien entendu, on ne peut pas mettre tous les ados dans le même panier, car, selon leur milieu, leur éducation et leur regard sur le monde (souvent influencé par leur famille ou leurs fréquentations), ils auront une façon complètement différente d’affronter le présent et le futur.

 

Mais on peut dire que les ados d’aujourd’hui cherchent à être intégrés et acceptés par la société dans son ensemble et ils ont une attitude bienveillante envers leurs aînés et même les personnes âgées. Il existe des logements où des personnes du troisième âge cohabitent avec de jeunes étudiants qui ne peuvent pas se permettre de vivre seuls. Apparemment, cela se passe bien et le dialogue entre ces générations si éloignées semble être un enrichissement aussi bien pour l’une que pour l’autre.

 

À travers les réseaux sociaux cependant, une forme de narcissisme s’est clairement répandue : le besoin de se mettre en avant, toujours de façon positive, est devenu la règle. On ne voit que de belles personnes bien habillées, conduisant les plus belles voitures et mangeant dans les meilleurs restaurants. On en est donc arrivés à mettre en évidence l’apparence qui compte plus que la personnalité ou le caractère de l’individu. Le rêve de beaucoup de jeunes aujourd’hui est de devenir une célébrité, un « influenceur » qui est adulé par des centaines de milliers de jeunes. Et ceux dont le corps ne suit pas les « canons de la beauté physique » se sentent évidemment exclus de tout ce beau monde… qui ne communique plus que par écrans interposés, donc le plus souvent par photos ou vidéos.

 

Même lors de rencontres « entre amis » ou en famille, chacun continue de se brancher à son téléphone, de répondre à des messages ou « scroller » le flot continu des « posts ». Donc, d’une part, les jeunes communiquent plus souvent grâce à tous ces « outils », mais d’autre part, ce sont des relations « virtuelles » qui restent souvent cantonnées au domaine de la communication par la technologie. Le grand Rabbin de Bruxelles, Albert Guigui a déclaré que de nos jours, en dépit de tous les moyens de communications qui sont mis à notre disposition, de plus en plus de gens souffrent de solitude, d’isolement… Beaucoup de jeunes se sentent coincés dans une relation superficielle dans laquelle ils n’osent pas parler de leurs vrais problèmes ou de leurs angoisses. À d’autant plus forte raison que communiquer par ces applications implique le risque que ces échanges finissent par se retrouver sur les réseaux sociaux et soient utilisés pour se moquer de la personne qui a osé partager ses sentiments/problèmes. Pour les jeunes, il existe peu souvent des conversations en « face-à-face » comme il en existait lorsque j’étais ado. Nous allions ensemble marcher dans un parc ou prendre un verre avec un(e) ami(e). Ces nouveaux rapports artificiels font en sorte que les jeunes ont plus de mal à s’engager dans une vraie relation qui leur fait peur, car ils ne savent pas du tout comment cela pourrait se traduire dans la réalité. Ils ont peur de s’engager à long terme (notamment par le mariage). Et puis, de nombreuses études ont démontré que les enfants et les ados passent trop d’heures devant les écrans et que cela a un impact négatif non seulement sur leur développement intellectuel, mais aussi sur leur personnalité et leur santé.

 

Il est évident qu’avec l’avènement de l’IA (Intelligence Artificielle), le monde va de plus en plus fonctionner d’une façon virtuelle et artificielle dans tous les domaines, et que cela aura bien entendu, un impact sur nos relations à court et long terme.

 

Plus que jamais l’avenir fait peur aux ados. Cela est sans doute dû au fait que de nos jours, on entend parler constamment de crise économique, de déficit national, de la chute du PIB, de l’augmentation du chômage, de violence, et tout cela crée une atmosphère anxiogène. 

 

On en est arrivés au stade où, bien tristement, le suicide est la première cause de mortalité chez les 15-24 ans, notamment en Suisse.

 

Alors que faire, face à ce constat ? Tout d’abord, il faut avoir le courage d’en parler et ne pas penser que le problème disparaîtra en cachant sa tête dans le sable… Cependant, il est aussi vrai que souvent, les ados ne veulent pas parler de leurs problèmes, de leurs angoisses avec leurs parents par peur de ne pas être compris ou pire, d’être punis… En tant que parents, il faut donc rester ouverts au dialogue, même si ce que votre ado va vous dire va peut-être vous choquer… Essayez de ne pas être affecté par ce qu’il/elle vous dit et réagissez avec calme et compréhension. N’oubliez pas qu’à son âge vous avez peut-être fait pire, mais vous n’en avez pas parlé… Et si vraiment il n’y a pas moyen de communiquer, encouragez-le à parler avec quelqu’un auquel il a confiance (et vous aussi de préférence !).

 

Il faut avant tout, comprendre qu’il s’agit d’une « crise » d’adolescence qui — on l’espère — passera ! Mais il ne faut pas non plus la prendre à la légère, car, comme on l’a vu, elle peut avoir un impact très grave.

 

Finalement, essayez de lui inculquer des valeurs morales et spirituelles dès son plus jeune âge et cela pourra certainement lui servir de fondement, de repère tout au long de sa vie. Et il est évident que plusieurs d’entre eux sentent le besoin de s’engager dans le domaine spirituel. Selon Le Figaro du 19 avril 2025, « les baptêmes d’adolescents (entre 12 et 18 ans) connaissent, eux aussi, une progression spectaculaire : ils étaient 2 953 en 2023, ils seront 7 404 en 2025. » François Xavier Bellamy a écrit un livre au titre révélateur : « Les déshérités, ou l’urgence de transmettre ». La Bible nous parle aussi de ce concept de transmettre, d’éduquer : « Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre ; et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas. » (Proverbes 22 : 6)

 

 

 

Luc HENRIST

7 juin 2025

Luc Henrist