Abraham, Isaac et la promesse divine : racines spirituelles des tensions entre Israël et les peuples du Moyen-Orient (Luc Vandestraten)

Contexte : l’appel d’Abraham et la promesse divine

Abraham, alors appelé Abram, est convoqué par Dieu à quitter son pays, sa patrie et la maison de son père. Dieu lui demande d’obéir et de se mettre en route vers un pays qu’Il lui montrera. Cet appel est le début d’une aventure spirituelle unique, car Dieu promet à Abraham qu’il deviendra le père d’une grande nation et qu’il sera béni.

Genèse 12:1‑2 :

« L’Éternel dit à Abram : Va-t’en de ton pays, de ta patrie, de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai. »

Dieu annonce ensuite de manière précise qu’un fils viendra de Sarah, la femme d’Abraham, et qu’avec ce fils, l’alliance sera établie pour toujours avec sa descendance.

Genèse 17:16‑19 :

« Je te bénirai, je donnerai à Sarah ton épouse un fils. Tu l’appelleras Isaac. J’établirai mon alliance avec lui pour une alliance perpétuelle pour ses descendants après lui. »

Ainsi, Dieu montre qu’il ne s’agit pas seulement d’une promesse d’enfant ou de richesse matérielle : la promesse repose sur une alliance divine, impliquant la descendance, la terre et un plan de bénédiction pour l’humanité. Cette alliance ne peut être pleinement accomplie que par la foi en Dieu et dans son plan, et non par la seule initiative humaine.

Ismaël et Isaac : décision humaine et promesse divine

La naissance d’Ismaël : le fruit de l’initiative humaine

Après la promesse de Dieu d’un fils à Abraham à travers Sarah, la réalité semble contredire la parole divine : Sarah est stérile et avancée en âge. Face à cette situation, et dans le désir sincère de voir la promesse s’accomplir, Abraham et Sarah décident de chercher une solution par eux-mêmes. Sarah propose alors à Abraham de prendre Agar, sa servante égyptienne, afin d’avoir un enfant par son intermédiaire :

Genèse 16:1-2 :

« Sarah, femme d’Abram, n’avait point d’enfant. Elle avait une servante égyptienne, Agar. Sarah dit à Abram : Voici ma servante ; couche avec elle, et elle aura un fils. »

Ainsi naît Ismaël. Abraham et Sarah ne cherchent pas à défier Dieu, mais leur démarche traduit un manque de foi dans la promesse miraculeuse. Ismaël est reconnu et béni par Dieu, mais il ne sera pas l’héritier de l’alliance.

Genèse 16:15-16 :

« Agar enfanta un fils à Abram, et Abram appela le nom de son fils Ismaël. Abram avait quatre-vingt-six ans quand Agar enfanta Ismaël. »

La naissance d’Isaac : le fils de la promesse

Après la naissance d’Ismaël, Dieu réaffirme clairement son plan : la promesse doit s’accomplir par Sarah, et non par une autre voie. Malgré son âge avancé et sa stérilité, elle concevra miraculeusement un fils, Isaac, choisi pour porter l’alliance éternelle.

Genèse 17:19 :

« Dieu dit : Certainement Sara, ta femme, t’enfantera un fils ; et tu l’appelleras du nom d’Isaac. J’établirai mon alliance avec lui comme une alliance perpétuelle pour sa postérité après lui. »

La naissance d’Isaac accomplit directement la parole de Dieu et confirme la fidélité de sa promesse. Contrairement à Ismaël, fruit d’une démarche humaine, Isaac est le fils choisi, héritier de l’alliance, par qui passera la bénédiction et la descendance du peuple élu.

Deux fils, deux réalités spirituelles

La différence entre Ismaël et Isaac illustre un principe fondamental : Dieu peut bénir ce qui naît de l’initiative humaine, mais seul ce qui découle de sa promesse entre dans son plan éternel. Ismaël, bien que prospère, reste extérieur à l’alliance, tandis qu’Isaac en devient le porteur et le garant de la fidélité divine.

Les implications spirituelles et historiques des lignées d’Ismaël et d’Isaac

La Bible montre que la distinction entre Ismaël et Isaac ne se limite pas à un simple récit familial : elle a des implications spirituelles, historiques et géopolitiques qui se prolongent jusqu’à nos jours.

La proximité géographique et la distinction spirituelle entre les descendants d’Ismaël et d’Isaac expliquent une partie des tensions historiques et contemporaines :

• La descendance d’Ismaël occupe les régions autour de la terre promise et développe sa propre culture et religion, l’islam.

• La descendance d’Isaac revient sur la terre promise, conformément à l’alliance divine.

Cette situation entraîne des conflits d’appropriation et des tensions identitaires, car les peuples arabes (descendants d’Ismaël) voient Israël (descendants d’Isaac) revenir sur cette terre que Dieu avait promise à Abraham à travers Isaac.

Ainsi, la Bible offre une clé de compréhension : les tensions entre la descendance d’Isaac et celle d’Ismaël — c’est-à-dire entre le peuple juif et le peuple arabe — ne sont pas uniquement politiques ou territoriales. Elles trouvent leur origine dans le plan divin et dans la promesse faite à Abraham : Isaac reçoit l’alliance et sa descendance devient le canal de la promesse de Dieu, tandis que la descendance d’Ismaël, bien que bénie, suit un chemin spirituel différent, donnant naissance à d’autres traditions et croyances, dont la religion musulmane. Ces distinctions historiques et spirituelles expliquent la persistance des rivalités et soulignent le rôle unique et central du peuple juif dans le dessein divin, offrant une perspective spirituelle et historique pour interpréter les événements autour de la terre promise.

Joseph et le peuple juif — un parallèle biblique

L’histoire de Joseph dans la Genèse offre un miroir symbolique pour comprendre le parcours du peuple juif. Joseph, fils préféré de Jacob, entretient une relation particulière avec Dieu. Ce rôle privilégié, révélé par les songes qu’il reçoit, suscite la jalousie et la haine de ses frères, qui finissent par le vendre à des marchands et l’envoyer en Égypte, loin de sa famille. Joseph est humilié, trahi et mis en esclavage, mais il reste fidèle à Dieu et finit par être élevé à une position de pouvoir, sauvant ainsi sa famille et le peuple d’une famine.

À l’image de Joseph, le peuple juif — la descendance d’Isaac et d’Abraham — est unique par son lien avec l’Alliance divine. Comme Joseph, ce peuple a été persécuté, dispersé, et parfois réduit à l’exil ou à l’esclavage, notamment en Égypte. Les nations autour du peuple juif, symbolisées par les frères jaloux de Joseph, ne comprennent pas toujours le rôle particulier d’Israël dans le plan de Dieu, et c’est cela qui crée des tensions.

Ce parallèle souligne que la persécution, les jalousies et les défis du peuple juif ne sont pas accidentels, mais ont une dimension prophétique et spirituelle, similaire à ce qui est raconté dans la vie de Joseph. Cette lecture biblique permet de comprendre que malgré les épreuves, le peuple élu reste central dans le plan divin et est destiné à retrouver sa place sur la terre promise conformément à l’alliance faite avec Abraham et Isaac.

Sionisme moderne et retour d’Israël sur la terre promise

Le retour d’Israël sur sa terre, dans le cadre du sionisme moderne, peut se comprendre à la lumière des récits bibliques que nous avons étudiés. La promesse faite à Abraham et à Isaac — l’alliance éternelle, la descendance et la terre — trouve un prolongement historique et spirituel dans le rétablissement du peuple juif sur sa terre ancestrale. Israël n’est pas simplement un État parmi d’autres ; il est la continuation concrète d’un plan divin, qui se réalise malgré les siècles de dispersion, d’exil et de persécution.

Les tensions actuelles autour de la terre promise, entre Israël et les peuples voisins, trouvent leur racine dans les récits fondateurs : la distinction entre la descendance d’Isaac, porteuse de l’alliance, et la descendance d’Ismaël, non incluse dans l’alliance, préfigure des rivalités qui traversent l’histoire. Ces tensions ne sont pas uniquement politiques ou territoriales, mais ont une dimension historique et spirituelle. Israël, en revenant sur sa terre, concrétise la promesse divine, tandis que les nations environnantes — qui symboliquement représentent la descendance d’Ismaël et les peuples arabes — se trouvent parfois en opposition avec ce rôle unique et central d’Israël dans le plan de Dieu.

Cette lecture permet de comprendre que le sionisme moderne, loin d’être uniquement un phénomène politique, s’inscrit dans une perspective biblique et prophétique. La persistance des rivalités, la jalousie historique, les incompréhensions et les conflits trouvent leur origine dans l’histoire d’Abraham, d’Isaac et d’Ismaël. Israël, peuple élu, reste au centre du plan divin, et son retour sur la terre promise est l’accomplissement tangible de l’alliance faite par Dieu avec Abraham et Isaac.

Conclusion générale : Comprendre l’histoire, l’alliance et les tensions à la lumière de la Bible

De l’appel d’Abraham à l’histoire d’Israël, la Bible trace un fil conducteur : Dieu accomplit son plan non par l’initiative humaine mais par sa promesse. Isaac, fils de la foi et de l’alliance, devient le canal du projet divin, tandis qu’Ismaël, bien que béni, reste en dehors de cette alliance.

Cette distinction éclaire l’origine spirituelle et historique des tensions entre leurs descendants et souligne le rôle particulier d’Israël dans le plan de Dieu. Le parallèle avec Joseph confirme cette réalité : comme lui fut rejeté par ses frères à cause de l’élection divine, Israël connaît jalousies, persécutions et exils.

Ainsi, les épreuves et les oppositions du peuple juif ne sont pas un hasard, mais participent à une dimension prophétique. C’est à la lumière de la Bible que nous pouvons comprendre que, malgré les épreuves, le peuple élu reste central dans le plan divin et est destiné à retrouver sa place sur la terre promise, conformément à l’alliance faite avec Abraham et Isaac.

Luc Vanderstraten

Le voyage d’Abraham (en rouge), d’Isaac (en mauve), de Jacob (en vert). Routes principales (en brun)

Luc Henrist